J’écoutais tout à l’heure les Années lumières, l’émission
scientifique de Radio-Canada. On y présentait entre autres un reportage sur les
jeux vidéos spécialement conçus pour «arrêter de fumer, brûler des calories, suer, maigrir, apprendre à se nourrir et, pourquoi pas, prendre un peu de muscle, le tout en s’amusant».
Encore une fois, c’est la technologie qui va venir nous
sauver, croyons-nous. La responsabilisation individuelle? Les changements d’habitudes et de façons de faire? Pas besoin, quand la science est là pour
voler à notre aide. Nous, individus hypermodernes, avons une confiance infinie
en la technologie pour prendre en charge tous les maux de l’expérience humaine.
On a vu deux autres exemples de cette attitude, cette
semaine : l’engouement gouvernemental pour les véhicules électriques, et
le plan vert de Stéphane Dion.
Dans les deux cas, c’est la technologie (couplée à la
technocratie, dans le cas du plan libéral) qui est perçue comme la solution à
tous nos problèmes. La planète ne peut subvenir à nos besoins? Notre désir
d’une croissance économique illimitée n’est pas compatible avec les ressources
terrestres, qui elles sont on ne peut plus limitées? Pas grave : la
technologie va nous permettre de trouver une solution.
Mais c’est une illusion, bien sûr. Encore une fois nos
dirigeants nous disent ce que nous voulons bien entendre, plutôt que ce qu’ils
devraient nous dire, s’ils assumaient véritablement leurs responsabilités et
agissaient vraiment comme ce qu’ils prétendent être, des leaders. Parce que la
vérité, c’est que nous ne pouvons plus continuer comme ça, à vouloir que
l’économie et la population croissent sans cesse, à consommer toujours plus, à
désirer notre propre véhicule de déplacement motorisé, à habiter toujours plus
loin de notre lieu de travail, à vouloir des maisons plus grandes et des
produits moins chers et des voyages en avion toujours plus fréquents. Tous les
véhicules électriques et toutes les taxes du monde ne pourront compenser pour
notre voracité collective.
Depuis 150 ans, la science et la technologie nous ont permis
d’emprunter de façon exponentielle sur le capital des ressources de la Terre.
Mais le rythme actuel n’est pas soutenable, et peu de gens osent affronter
cette réalité : le capital sera bientôt à sec. Et donc la fuite en avant
se poursuit, pendant que nous continuons à avoir une foi aveugle en la
technologie pour venir effacer les conséquences de notre gaspillage, de notre
inconscience et de notre irresponsabilité. En ce sens, nous avons les dirigeants que nous
méritons, bien sûr.
Les commentaires récents
9 896
Il y a souvent quelque chose de presque mystique, dans le fait d'être tombé sur un livre précis à un moment précis de notre vie.
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