9 957: L’été, c’est fait pour jouer
Il est assez fréquent que, quelque part aux alentours de la mi-août, un sentiment un peu déplaisant s’empare de vous. Une vague déception à l’idée que déjà achève cet été qui promettait tant, et de toutes ces choses que vous n’avez pas eu le temps de faire, ou de ces choses que vous avez bel et bien faites, mais mal, à moitié, la tête ailleurs, en ménageant un peu trop votre corps, ou votre coeur, ou les deux. Ce moment se produit souvent en début de soirée (un mardi, de manière générale), alors que vous croyez discerner une certaine fraîcheur automnale dans la nuit tombante. Qu’est-ce que c’est, ce sentiment dans votre coeur? Du regret, et vous ne voulez pas ça.
Que faire, alors? Comment se prémunir contre tout ça et éviter de se retrouver ainsi, en ce mardi fatidique? Qui sait. Mais vous ne perdez sans doute rien à garder en tête cette Chose Vraie : l’été, c’est fait pour jouer. C’est fait pour se coucher tard et se lever tôt, et l’inverse aussi; pour en dire trop et rire trop fort et aller trop vite; pour visiter des sous-bois étrangement frais et des amis munis d’une piscine; pour louer des pédalos, lire, boire; pour à la fois tomber (en amour, du bateau, en bas de la scène ou de vos gougounes) et monter (cette montagne, cette tente, à Québec); pour laisser votre blogue en friche, question de vivre un peu plus et de raconter un peu moins; l’été, c’est fait pour plein de choses, bien sûr, beaucoup trop pour les énumérer.
Mais l’idée, en gros, c’est que plus vous gardez en tête l’idée que l’été, c’est fait pour jouer, moins vous risquez d’éprouver ce vilain sentiment de regret, le 16 août. C’est une loi universelle. En fait, c’est comme la théorie de la relativité, mais en beaucoup moins compliqué, et beaucoup plus drôle.
Paru dans le cadre de la chronique Actuelités, La Presse, vendredi 23 juin 2006