Si vous suivez le milieu du journalisme, vous avez sans doute vu la nouvelle passer cette semaine: l'Association des journalistes indépendants du Québec en est venue à des ententes avec Gesca et CEDROM-SNi, en marge d'un conflit judiciaire datant de plus de 10 ans.
Je m'en réjouis. Après plusieurs années de négociations, je suis content de pouvoir clore ces dossiers «dans l'honneur et l'enthousiasme», pour reprendre la formule de l'autre.
Je considère que l'entente avec Gesca, tout particulièrement, constitue un gain majeur pour les journalistes indépendants québécois. Elle inclut un contrat type qui prévoit entre autres un tarif minimal—tarif qui se situe bien au-dessus de ce que les journaux du groupe (La Presse, Le Soleil, Le Droit, La Tribune, Le Nouvelliste, La Voix de l’Est, Le Quotidien et Progrès-Dimanche) paient présentement. De plus, ce tarif sera indexé à l'inflation, ce qui garantit qu'il ne stagnera pas au cours des années à venir, contrairement aux tarifs versés dans l'ensemble du journalisme québécois, qui n'ont pas bougé depuis des décennies.
Ces ententes sont-elles parfaites? Bien sûr que non. C'est le propre d'une négociation de nous forcer à faire des compromis, à abandonner certains éléments pour prioriser ceux qui sont les plus importants à nos yeux. Sans concessions de part et d'autre, il n'y aurait pas eu d'entente, et nous ne serions pas plus avancés. J'estime que c'est ce que nous pouvions obtenir de mieux, dans le contexte actuel où rien n'oblige les éditeurs à négocier collectivement avec les journalistes indépendants (une situation qui changera un jour, je le souhaite ardemment).
Les journalistes indépendants québécois ont toutes les raisons d'être satisfaits de ces deux ententes. D'abord parce que cela améliore, dès maintenant, les conditions de travail des collaborateurs des journaux de Gesca. Mais aussi parce que cette nouvelle donne risque d'avoir un impact positif sur l'ensemble du milieu de la pige au Québec, qui en a bien besoin.
C'est la société québécoise tout entière qui en bénéficie, quand les journalistes indépendants sont payés des tarifs décents. Parce que des journalistes qui peuvent gagner leur vie en pratiquant leur métier dans les règles de l'art, ce n'est pas un luxe: c'est l'un des fondements d'une société vraiment démocratique.
J'en profite pour remercier nos avocats, Me Marie Pepin et Me Normand Tamaro; la Fédération nationale des communications et la CSN, pour l'appui indéfectible au fil des ans; et les membres du conseil d'administration de l'AJIQ, pour leur dévouement et leur persévérance. Je remercie aussi les directions de Gesca et de CEDROM-SNi, qui ont préféré la négociation aux batailles juridiques.
Salut Nicolas,
Petite question pour toi: peux-tu me dire quel est le raisonnement derrière l’entente avec CEDROM-SNI ? Je suis un peu loin de tout ça, mais d’après ce que j’ai lu, c’est un big nada pour les pigistes, non ? Mis à part un mini quelque chose pour l’Ajiq, pourquoi cette entente ?
Rédigé par : Yves S. | 09 mars 2010 à 12:36
35 000$, ce n'est quand même pas un mini quelque chose, je trouve...
Je pourrai t'expliquer le raisonnement en personne un jour ;)
Rédigé par : Nicolas Langelier | 09 mars 2010 à 20:55