Pour exposer les piètres résultats des futurologues, on compare souvent notre monde actuel à celui qu'ils nous prédisaient, il y a 40 ans: les voitures volantes, la société des loisirs, les mines de béryllium sur la Lune, ce genre de choses qui n'arriveront probablement pas d'ici quelques mois encore—et, à l'opposé, il y a tous ce qu'ils n'ont pas vu venir, de l'omniprésence de l'ordinateur personnel à l'aboutissement civilisationnel qu'est le «produit d'oeufs liquides».
Mais dans la catégorie «Prévisions grossièrement erronées», cet exemple n'en est qu'un parmi une série ininterrompue, depuis les touts débuts de cette prétendue science, durant les années 1930.
Il n'y a rien de bien surprenant là-dedans, évidemment. L'Histoire est parsemée de prédictions farfelues faites par de soi-disant experts désireux d'avertir l'humanité de ce qui l'attendait. Pensons par exemple à ce dirigeant du bureau américain des brevets qui, en 1899, déclarait que «tout ce qui pouvait être inventé a déjà été inventé». Ou au réputé magazine Variety qui, à propos du rock 'n roll, décrétait en 1955: «On n'en parlera plus en juin». Ou à un autre magazine, Newsweek, qui concluait ainsi ses prévisions de tendances voyage pour les années 1960: «Et pour le touriste qui veut la paix, un safari au Viet Nam»… Et a-t-on vraiment besoin de rappeler cette récente récession que personne, apparemment, n'avait prévue?
Ce qui est plus étonnant, c'est que malgré ce tableau peu reluisant, nous continuions à être aussi avides de prédictions. Nos journaux, magazines, panels télévisés, tribunes radiophoniques sont remplis de spécialistes venus nous annoncer l'avenir en politique américaine, tendances mode, téléphonie cellulaire, diplomatie moyen-orientale. Y aura-t-il des élections à l'automne, monsieur l'expert? La récession est-elle terminée? Canadien fera-t-il les séries? Nous devons savoir.
De toute évidence, il nous est impossible d'accepter les sages paroles du grand physicien danois Niels Bohr, qui nous a pourtant avertis il y a longtemps que «Les prédictions sont très difficiles, surtout celles qui se rapportent au futur»…
Présenté à l'émission La tête ailleurs, à la Première chaîne de Radio-Canada, le 5 septembre 2009.
La chronique s'écoute ici.
Considering the rapid advances in knowledge and technology, futurists will certainly achieve greater accuracy in the years to come.
Rédigé par : Jessica | 07 septembre 2009 à 22:24
C'est triste... surtout pour les voitures volantes.
Rédigé par : Vincent | 08 septembre 2009 à 07:50