J'ai récemment mordu dans un épi de maïs qui avait sensiblement la même teneur en sucre qu'une tarte au sirop d'érable.
C'est bien sûr une expérience courante, de nos jours. Il y a déjà un bon moment, le complexe agro-industriel a décidé que ce que nous désirions, collectivement, c'était du maïs le plus sucré possible. Il semble bien loin, le blé d'Inde d'avant les années 80, celui qui était peut-être un peu plus pâteux, soit, mais qui au moins n'avait pas le même goût qu'une cuillérée de sucre blanc.
Mais j'imagine que c'est effectivement ce que nous voulons, du maïs plus sucré. De la même façon, peut-être, dont nous voulons de la gomme à mâcher à la «menthe extrême», des croustilles de maïs à saveur de «fromage fracassant», de l'eau aromatisée, des ailes de poulet «9-1-1»—et dont, dans un autre genre mais dans le même ordre d'idée, nous voulons des voyages d'aventure dans la jungle costaricaine, des commentateurs médiatiques qui grimpent sur les tables et dans les rideaux, des politiciens qui participent à des numéros humoristiques, des maisons et des télévisions et des voitures toujours plus grosses. Nous avons décidé que la subtilité et la modération étaient ennuyantes, que le beige était à proscrire et que notre gomme à mâcher serait aussi excitante que notre vie tellement palpitante, tellement vécue à cent à l'heure, tellement unique et tripante et «spéciale».
Cela dit, donc, tout cela va devoir cesser un jour. Il y a toujours un moment où le «plus» devient «trop». En ce qui a trait au blé d'Inde, nous saurons que le «trop sucré» aura été atteint lorsqu'il faudra le manger au dessert, avec un peu de crème fouettée dessus. Et on n'en est pas loin, me semble-t-il.
Présenté à l'émission La tête ailleurs, à la Première chaîne de Radio-Canada, le 19 septembre 2009.
La chronique s'écoute ici.
en fait nicolas, ce que tu vois, c'est la tendances des fermiers à offrir un mais de saison. Autrefois, on ne parlait pas de mais en fin Septembre. Enfin, oui si on voulait un mais pateux, féculant à souhaits. La capacité des fermiers d'offir, comme pour les fraises, un mais tardif, s'est amplifier au cours des dernieres années. Ce qu'on voit donc aujourd'hui est un mais tardif qui a subi une fin d'été torride.
Rédigé par : leyo | 21 septembre 2009 à 14:33