Ce n'est pas un hasard si, historiquement, la grande majorité des révolutions—qu'elles soient politiques, sociales, culturelles—ont été fomentées dans des tavernes, des cafés, des bars d'hôtel, des arrière-salles de restaurants. Tous ces endroits ont en commun d'offrir un accès facile et abondant à ces stimulants révolutionnaires essentiels que sont l'alcool et le café.
On le sait, chacune à leur manière, ces substances ont pour effet de favoriser la production d'idées et de liens nouveaux, d'enflammer les passions et de donner du coeur au ventre. Leur influence sur l'histoire humaine est aussi fondamentale qu'impossible à mesurer. Sans cette invention récente qu'étaient les cafés, par exemple, la Révolution française aurait-elle vraiment pu se produire? Karl Marx aurait-il eu le courage de s'attaquer au capitalisme tel un Don Quichotte bronchitique, sans la tournée des 18 pubs de Tottenham Court Road qui l'occupait régulièrement lors de son exil à Londres? Et il est inutile de souligner l'impact de l'alcool et du café sur l'ensemble de la création artistique, depuis la nuit des temps.
Mais tout n'est pas que positif, bien sûr. Ces substances ont aussi les défauts de leurs qualités—en l'occurrence, elles ont la fâcheuse conséquence de perturber le jugement du sujet à un point tel qu'il considérera comme bonne une idée qui ne l'est pas du tout. Avec l'alcool et le café, la ligne entre l'excellente idée et la décision désastreuse est aussi fine que facilement franchie.
Voilà pourquoi il est sage de garder en tête le conseil d'Ernest Hemingway, qui s'y connaissait en mauvaises idées provoquées par l'alcool: «Une fois sobre, faites toujours ce que vous aviez dit que vous feriez quand vous étiez ivre. Ça vous apprendra à la fermer».
Présenté à l'émission La tête ailleurs, à la Première chaîne de Radio-Canada, le 26 septembre 2009.
La chronique s'écoute ici.
Ahhh que je suis un fan de tes 10 000 choses... mais pour le café, bofff je suis pas mal plus certain des idées sous l'effet de l'alcool... Jacques Parizeau quelqu'un ?
Rédigé par : sarbour | 27 septembre 2009 à 19:43