Conservateur: le terme évoque un attachement au statu quo, à l’ordre établi. On pense «conservateur», et on connote «tradition», «convention», «agent de conservation» même, peut-être. Pourtant, dans les démocraties du début du 21e siècle, les politiciens conservateurs sont paradoxalement les plus désireux de réformer les structures, de revoir les programmes, de modifier les façons de faire.
Évidemment, ils vous diraient qu’ils ne veulent pas changer les choses, mais bien les ramener à ce qu’elles étaient avant, dans le bon vieux temps. En fait, ils ne diraient pas ça non plus (personne n’oserait employer de nos jours cette expression qui sent la punition corporelle et la femme au foyer), mais ils le souhaitent (pas nécessairement la punition corporelle et la femme au foyer, d’accord, mais une version modernement correcte de la chose). En ce sens, le conservatisme est une sorte de progressisme à rebours, un désir d’effacer les rénovations des dernières décennies afin de ramener notre maison collective à son état original : arrachons ce revêtement/programme social, détruisons cette annexe/société d’État, vendons ce terrain/parc national, et remettons les ornements victoriens.
Jusqu’où les conservateurs voudraient-ils nous faire retourner, comme ça? À la maison en pierres des champs, à la cabane en bois rond? Non, pas si loin: à la demeure bourgeoise du 19e siècle. Car contrairement au politicien progressiste, qui cherche à nous amener toujours plus en avant vers un avenir meilleur, le politicien conservateur, lui, a une idée très précise de son idéal temporel: quelque part aux alentours de 1892.
Bien sûr, seule une infime minorité habitait une demeure bourgeoise, à l’époque. Mais le truc du politicien conservateur est justement de nous laisser croire qu’avec les bons changements politiques, nous (oui, nous!) pourrons en acheter une, demeure bourgeoise…
Nicolas Langelier
Paru dans La Presse, vendredi 7 mars 2008
Wow! J'adore ce billet! Vraiment très explicite et débordant de vérité!
La droite conservatrice tente de nous faire croire qu'elle représente le progrès et que la social-démocratie est un fait du passé.
La désinformation est telle que bien des gens de la classe moyenne qu’on aguiche avec des baisses d’impôts souhaitent une réduction du rôle et de la taille de l'État. Pourtant, il faudrait une réglementation gouvernementale accrue dans les sphères de l’environnement et de la lutte à la paupérisation croissante. De plus, nos impôts nous donnent des services publics qui font l’envie de biens des pays mais on occulte cela dans les médias contrôlés par les grandes corporations. Toute société a besoin d’un contrepoids communautaire face aux intérêts particuliers car cela permet un minimum d’équité sociale.
Selon eux, tout ce qui est social est mauvais. Le privé est tellement mieux prétendent-ils et on nous bombarde à tous les jours avec des fausses vérités afin de nous faire accepter les valeurs conservatrices des mieux nantis.
Rédigé par : Jimmy St-Gelais | 09 mars 2008 à 22:55