Peu importe la super attitude super optimiste que l’on puisse s’efforcer de maintenir, peu importe ce que la religion ou les gourous de la croissance personnelle ou les scénaristes professionnels essaient de nous faire croire, il y a un fait incontournable : la vie a vraiment le don de mal virer. À tout moment, la maladie ou la mort peut frapper, la folie meurtrière se déclencher, notre coeur se briser, notre fortune tourner, des catastrophes en tous genres s’abattre sur nous, nos proches, notre communauté, notre civilisation. Et tout ceci souvent sans la moindre logique ou un quelconque sentiment de justice qui nous permettrait au moins de comprendre, de dire un plus un égale deux, de dire action/réaction, de dire cela devait arriver, est cohérent, est acceptable.
Malgré ce constat désolant, la découverte la plus fondamentale que l’on puisse faire, dans la vie, est peut-être que quoi qu’il arrive, quels que soient les bâtons que la vie mettra dans nos roues, il restera toujours des raisons de garder espoir. Le problème, avec cet apprentissage, c’est qu’on ne peut le faire qu’en l’expérimentant nous-mêmes. Et c’est souvent au bout de la nuit la plus noire, lorsque tout semble perdu pour de bon, qu’un beau matin on change d’idée, sans trop savoir pourquoi; à cause d’une rencontre, peut-être, ou d’un projet, ou d’un vague sentiment d’illumination qui nous aura envahis, l’espace de quelques secondes.
On peut l’expliquer comme on veut, cette étonnante renaissance de l’espoir: intervention divine, pulsion génétique, sous-produit évolutionnaire. L’important est qu’elle soit là, et qu’ainsi on soit capable de sortir du lit ce matin-là, et le jour d’après, et le jour d’après. Parce qu’une vie passée à regarder des talk-shows d’avant-midi, la poitrine couverte de miettes de biscuits, ce ne serait pas vraiment une vie.
Nicolas Langelier
Paru dans La Presse, vendredi 28 mars 2008
merci
Rédigé par : | 07 avril 2008 à 14:16