Les conséquences négatives de l’embourgeoisement d’un quartier sont bien connues: spéculation immobilière, hausse des loyers, diminution de la mixité sociale, multiplication des restaurants servant une nourriture trop chère affublée d’appellations prétentieuses. Sans oublier bien sûr le risque de croiser un animateur de radio commerciale, ce qui n’est jamais un signe qu’un quartier est sur la bonne voie, culturellement parlant.
Ce dont on discute moins souvent, cependant, c’est des bénéfices de l’embourgeoisement. Du bénéfice, en fait, parce qu’il n’y en a qu’un qui compte vraiment: le café est bien meilleur.
Parce qu’à moins d’avoir la chance de vivre dans un quartier comptant une importante population originaire du pourtour méditerranéen, l’embourgeoisement est la seule façon d’échapper à la médiocrité du café canadien-français traditionnel. Tous ceux qui, par exemple, déplorent la gentrification graduelle d’Hochelaga n’ont aucun souvenir de combien il était difficile d’y boire une tasse de café décente, avant la fin des années 90. Quand votre meilleure option est le Tim Horton’s, il y a de quoi être déprimé.
Bien sûr, il y a des choses beaucoup plus importantes que le café, dans la vie. Bien sûr, l’idéal reste un quartier socialement diversifié ET capable de vous procurer une bonne tasse de café. Mais devant la nostalgie qui s’empare parfois de certains au souvenir de ce qu’était le Plateau pré-boom immobilier ou Hochelaga-Maisonneuve pré-HoMa ou la rue Masson pré-disparition des restaurants à hot dogs à tous les coins de rue, il n’est pas totalement inutile de rappeler l’infect liquide brun qu’on y buvait alors. Ce qui explique sûrement pourquoi la cocaïne y était si populaire, d’ailleurs.
Nicolas Langelier
Paru dans La Presse, vendredi 14 décembre 2007
Ouff, quelle conclusion!
Rédigé par : Mylène | 15 décembre 2007 à 23:09
Le café imbuvable dont vous parlez n'avait rien de Canadien-Français (!), mais tout du breuvage États-Unien typique. J'ai grandi à Montréal dans les années 60 et nous mangions du pain « crouté » à Noël.
Ce n'est pas une question d'embourgeoisement. J'ai habité la partie (à l'époque) pauvre d'Outremont, au Nord de Van Horne, vers l982. Le riches de ce quartier buvaient le même café imbuvable. D'autre part, on prend un excellent espresso dans Belleville, un des quartiers les plus populaires et bigarrés de l'Europe, pour 70 centimes.
Rien n'excuse la gentrification, qui n'a pour seule justification et pour seul mécanisme l'impitoyable et sauvage Loi du cash.
Cordialement,
&.
Rédigé par : McComber | 16 décembre 2007 à 10:07
le probleme c'est que tu dois vendre un rein sur ebay pour te le payer.
Rédigé par : titi | 17 décembre 2007 à 09:58
Pffff, McComber, où as-tu vu une défense sérieuse de la gentrification dans ça? Et comment peut-on se prétendre poète quand on est même pas capable de comprendre un texte?
Rédigé par : procrastinateur | 17 décembre 2007 à 18:54