Combien? Hein, combien de générations de femmes, se levant le matin ou se préparant pour une soirée ou s’apprêtant juste à sortir pour une petite course rapide chez le boucher, ont-elles soupiré devant l’état de leurs cheveux, souhaité qu’ils soient moins frisés, ou moins droits, ou moins roux, ou plus roux, ou plus blonds, ou juste un peu plus longs sur le front, ou juste un peu plus dociles, ou au contraire plus intempestifs, plus passionnés, plus je-mords-dans-la-vie-insouciante-de-ma-chevelure? Considérant qu’il y a des miroirs au moins depuis l’Âge du bronze, on peut donc présumer qu’il y avait déjà, quelques millénaires avant Jésus-Christ, des Chinoises et des Étrusques et des Sumériennes qui soupiraient devant leur réflexion. Ce qui, autrement dit, fait beaucoup, beaucoup de générations de femmes. Et, du même coup, autant de générations d’hommes qui, eux, ont eu à subir les lamentations de leur(s) femme(s), et ont dû répondre l’équivalent chinois, étrusque, sumérien (et latin, finnois, arabe, swahili, etc.) de « Ben non, ma belle, ils sont parfaits tes cheveux ».
Et tout ça pour quoi? Pour rien. Ou si peu : une mèche peut-être un peu rebelle, un toupet peut-être un peu trop affecté par l’humidité, si on regarde très très très attentivement. Rien, finalement, qui ne justifie objectivement ces innombrables heures d’angoisse et de pleurs et d’efforts désespérés, alors que dehors des gens ont faim et froid et peur pour des raisons valables, et que le printemps explose en un million de possibilités odorantes, et que le temps file, bordel, que le temps passe si vite, et que la mort se rapproche de nous à une vitesse fulgurante, brutale, comme Marian Gaborik avec une faux.
Femmes : vos cheveux sont beaux comme ça. Nous aimons vos cheveux. Nous ne pourrions demander plus de vos cheveux, ni de vous en tant qu’amoureuse, amie, soeur, collègue, être humain en général. Alors cessez ces enfantillages, déposez vos peignes et brosses et produits capillaires, et allez vivre les cheveux au vent, un peu.
Paru dans La Presse, mardi 8 mai 2007
Étant moi-même professionnelle du cheveux (non, je suis pas coiffeuse, mais j'ai de gros cheveux très longs et frisés...) j'ai remarquer quelque chose. Rien de scientifique, mais quand même surprenant sur la réaction masculine face à la coiffure.
Si je laisse mes cheveux détachés, en boucles et assez volumineux, la gente masculine est tout-à-coup très courtoise et charmante, on m'ouvre des portes, on me sourit on me drague même. C'est très flatteur...
Pourtant le lendemain, je remonte les mêmes cheveux, attachés cette fois-ci, en une couette ou une toque. La même fille, le même sourire, la même démarche et pourtant, c'est à un point tel que je remarque la différence dans la "réponse" masculine qui devient soudainement moins attentive. Heureusement que je ne recherche pas ce genre de validation pour être bien, mais je remarque et ça me fait rire à chaque fois...
Alors oui, vous aimez nos cheveux... Mais vous avez des préférences messieurs, c'est indéniable. Alors quelques instants de plus pour se sentir belle, pour nous, mais aussi pour vous, ça vaut la peine, non?
Rédigé par : DaisyB | 10 mai 2007 à 09:20
Ciel! Le drame de ma vie est dévoilé au grand jour. Quand ils sont courts, je les veux longs; quand ils le sont, je rêve de passer un coup de ciseaux dedans. Devrais-je me faire psychanalyser pour cette insatisfaction incurable?
Rédigé par : Zgounette | 16 mai 2007 à 20:58
C'est drôle, j'ai envie de réagir à vos propos, mais je trouve difficilement les mots! Peut-être parce que peut importe ce que je dirai, il n'en demeure que nous parlons ici de l'apparence féminine, cette apparence reliée à la séduction, qui demeurera superficielle. Les cheveux sont le comble de la séduction chez la femme, plus que nos apparats sexuels! Minimiser notre intérêt ou nos constantes insatifactions vis à vis notre chevelure c'est à mon avis minimiser notre désir de séduire. Et puis, bon, les cheveux dans le vent sont tout mêlés par après! :)
Rédigé par : Valerie | 02 juin 2007 à 15:52