Douglas Coupland n'est pas un grand écrivain – ses romans sont généralement maladroits, peuplés de personnages en deux dimensions qui s'expriment de manière artificielle. Mais il est un fin observateur du monde dans lequel nous vivons, de nos rêves et de nos contradictions. C'est aussi un grand porte-parole de la modernité, ce qui fait du bien à une époque où l'avenir est généralement craint, plutôt qu'espéré.
Dans l'Observer d'aujourd'hui, il y a un portrait de Coupland par Euan Ferguson, où on retrouve quelques réflexions intéressantes. Comme celle-ci, sur la notion d'identité à l'ère de Google:
«Many of us now exist in a secondary fashion, a meta-fashion, thanks to the internet, and the second you is related to but isn't quite you, so I thought it would be an idea to exploit this. If I put my own name into Google or Yahoo, I will discover that a kind of meta-Doug exists. I exist in there, my name, but it's not me: it's a mix of truths, half-truths, nonsense, misunderstanding, rumour, misinterpretation. But the thing is that Meta-Doug is going to exist for a lot longer than the real one is in this world. Once I'm gone, this other me is going to keep on going on the net, cut and pasted and repeated: in the future we will all exist there, in this flawed afterlife.»
En effet.
Rédigé par : brem | 28 mai 2006 à 15:44
Je crois que c'est la "méta-identité" qui pousse bien du monde à lancer des blogues, un peu pour forger soi-même cette identité parallèle (qui deviendra effectivement une sorte de vie éternelle à notre mort!).
Rédigé par : cfd | 28 mai 2006 à 18:27
Hum... deuxième identité, pas tout à fait nous-même... Je connais ce sentiment...
Cependant, cette méta-identité dont il parle - mais plus particulièrement dans le cas des blogues - me semble pourtant très fragile. Si on arrête de l'alimenter de l'intérieur (auteur) ou de l'extérieur (lecteur), elle risque de s'éteindre aussi, non?
Ceci étant dit, j'aime l'image du futur qu'il projète à travers ses réflexions.
Rédigé par : Vero.b | 28 mai 2006 à 19:14
Le web est généralement une preuve de crédibilité. Ou plutôt d'intérêt.
Sans qu'on croit tout ce qui s'y écrit (du moins, j'espère que tout le monde l'a comprit, en 2006), le simple fait de mentionner quelque chose sur le web prouve que cette chose est digne de mention. Ce qui, pour plusieurs, la rend intéressante.
En fait, le web permet à beaucoup de choses et de gens d'exister, tout simplement. Qui n'a pas rêvé d'ajouté son propre nom dans Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Langelier
Googlez votre nom, et surprenez-vous de voir votre méta-personne apparaître en première place des résultats.
Googlez le nom de ce grand gars, très mince, que vous avez côtoyé au secondaire, déjà cool, métrosexuel en devenir, pré-hipster, qui avait tant de succès auprès des filles PLUS VIEILLES QUE LUI, qui frenchait à tord et à travers, qui a arrêté de fumer alors que vous n'aviez même pas pris votre première puff, qui était si beau et qui respirait le succès, comme Ferris Bueller. Tsé, le gars qui ferait une annonce de Axe.
Et constatez, avec une satisfaction sans retenue, la déchéance de sa personne, maintenant que vous réalisez qu'il n'existe pas online !
Rédigé par : Jean-François Proulx | 29 mai 2006 à 01:02
«Douglas Coupland n'est pas un grand écrivain – ses romans sont généralement maladroits, peuplés de personnages en deux dimensions qui s'expriment de manière artificielle»
je prends rarement le crachoir sur Internet, mais Coupland est, selon mon expérience de lecteur, le plus fin psychologue, le sculpteur de personnage le plus juste et précis qu'il m'ait été donné de lire, à vie.
rarement dans des romans j'ai eu l'impression de connaître intimement des personnages, de les visualiser, de m'immiscer au plus profond de leur âme. je me sentais même habité par le syndrome de l'écrivain qui reçoit des visites nocturnes de ses créations qui ne sont pas contentes du destin qu'on leur réserve!
Rédigé par : Simon Francoeur | 16 juin 2008 à 02:46